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Le Bouquet Provincial est une tradition ininterrompue en France depuis le Moyen Age, très présente en Picardie, en Ile-de-France et en Champagne. Le premier Bouquet Provincial recensé date de 1398.

A l'instar des Jeux Olympiques qui ont leur Cérémonie d'ouverture, le Bouquet Provincial est la journée de rassemblement des archers qui pratiquent le tir Beursault. La fête a généralement lieu un dimanche du mois de mai, en extérieur. Tous les habitants et commerçants y participent, notamment en décorant les rues, les habitations et les monuments de la ville. Cet événement national se déroule en deux parties : d'abord un rassemblement d'archers venus des quatre coins de l'hexagone, ensuite le tournoi fraternel (appelé Grand Prix du Bouquet), le plus important en France étant donné le nombre de participants qui, pour les qualifiés d'Ile-de-France, de Picardie et de Normandie, assurera une qualification automatique au championnat de France Beursault. 

L'organisation d'un Bouquet Provincial

Tout d'abord, une compagnie ou un club d'une ville candidatent conjointement auprès de la Fédération Française de Tir à l'Arc afin d'obtenir l'accord pour organiser cette grande manifestation populaire, sachant que 3000 à 3500 personnes environ participeront au défilé.

La cérémonie d'ouverture débute par la présentation des drapeaux. En 2015, lors du Bouquet Provincial à Provins, 300 drapeaux se sont présentés à l'enregistrement au greffe. 

Généralement, un tir aux assiettes est organisé afin de permettre aux nombreux participants de patienter jusqu'à la mise en place du défilé. 

Un dépôt de gerbe au monument aux morts est mis en place puis, suivant le souhait de l'organisateur, l'arrivée du Bouquet de la Ronde est mis en scène. En 2015, les Archers des 3 Lys ont remis officiellement le Bouquet, cérémonie à laquelle officiels et archers ont pu assister.

La mise en place du défilé et l'enregistrement des drapeaux donnent déjà le ton d'une ambiance festive. Le parcours généralement long de 3.2 km se déroule au son des fanfares dans les rues de la ville que les archers et habitants pavoisent à leurs couleurs. En tête du défilé, la Compagnie organisatrice. Puis viennent les officiels, la Compagnie qui prendra en charge le prochain Bouquet l'année suivante, puis les compagnies qui prêtent leur jeu d'arc pour la compétition. Ce long ruban est entrecoupé par des chars décorés. Une messe généralement célébrée par un Evèque clotûre la journée.

Le Grand Prix du Bouquet

Le Grand Prix du Bouquet qui se tire sur une carte et un marmot spécifiques débute dès le lendemain du rassemblement pour se terminer trois mois et demi plus tard. De nos jours, des compagnies amies ouvrent le jeu pour permettre aux 1700 participants environ de concourir dans les meilleures conditions. 

On peut dire aujourd'hui que cette compétition est la plus importante en France et s'est aussi la seule qui est dôtée chaque année depuis Louis Philippe d'un vase de Sèvres offert par la Présidence de la République Française. Ce trophée d'exception incite les archers à donner le meilleur d'eux-mêmes pour remporter ce concours. 

C'est le plus beau noir en catégorie arc classique hommes/femmes confondus qui se voit remettre le vase par un Préfet (représentant officiel de la Présidence de la République). Les arcs à poulies ne sont pas oubliés pour autant, la catégorie est récompensée d'un présent de valeur. Enfin, les Amis du Musée de l'Archerie et du Valois offrent un Saint-Sébastien (saint patron des archers) pour la Compagnie de l'archer vainqueur du Prix en arc droit.

(Source : site de la FFTA)

 

UN PEU D'HISTOIRE

(Source : Site de la Ronde des Familles d’IDF)

Il semble bien que l'origine des Bouquets Provinciaux remonte au temps lointain du Moyen Age. Les brillantes Compagnies d'Arc d'alors, entre deux exploits sur les Champs de bataille, continuaient à se mesurer entre elles. Certain jour, elles convergeaient vers la localité où l'une d'entre elles avait organisé un TOURNOI. Le cinéma nous a restitué ces grandioses manifestations, où manants et chevaliers, pauvres et riches, étaient mêlés dans l'allégresse générale. On recevait les visiteurs en grande pompe, on se formait en cortège pour aller présenter oriflammes et bannières à la bénédiction. Après quoi, le tournoi proprement dit pouvait commencer.

Eh bien, nous le verrons, il n'en est pas autrement aujourd'hui: on accueille solennellement les visiteurs, on se groupe pour le défilé, on assiste à l'office religieux et, dans les jours qui suivent, on se mesure les armes à la main.

Mais, le Bouquet, dans tout cela ?...Reportons nous à la brochure éditée par Longueval, à l'occasion de son Bouquet du 8 mai 1949. On y trouve ces quelques lignes:

"Dans un joli geste d'amitié, la gerbe de fleurs qui était déposée sur l'autel, était mise dans un vase offert à la Compagnie réceptrice par celle qui avait organisé la précédente compétition. Cet échange de vases, de bouquets pour mieux dire, entre les Compagnies d'une même province, les liait d'une chaîne d'amitié qui était bien dans l'esprit de la Chevalerie."

Selon le recueil à Saint-Quentin, en 1775, nous rapporte une autre brochure sur le bouquet de SENLIS du 28 mai 1961, l'explication d'un bouquet réside en ces lignes:

"Pour entretenir entre elles l'émulation et l'adresse, les Compagnies se sont associées pour rendre des Prix Généraux. Ces prix se rendent dans les villes qui sont choisies alternativement: la ville où les Compagnies conviennent de tirer, devient dépositaire d'un gage d'armes qu'elle reçoit à la pluralité des voix. Ce gage d'armes s'appelle Bouquet. Il fixe et détermine le lieu où l'Assemblée prochaine doit se tenir et oblige ceux qui l'ont reçu, de rendre le Prix dans un temps limité et de donner un nouveau gage d'armes pour le tirage suivant."

Nous pouvons déjà retenir de ces définitions les deux points essentiels suivants  :

- Un bouquet est un maillon d'une chaîne sans fin, destinée à unir les Compagnies entre elles;

- Il concourt à rapprocher les archers pour des tirs d'émulation.

Quand à donner une date précise sur l'origine de ces rassemblements, on ne peut le faire avec certitude :

En 1659, en pleine période troublée de la Fronde, la Compagnie de Coincy a rendu un Bouquet. Ceci est consigné par écrit. Mais il est fait mention de Bouquets plus anciens. On sait, par exemple, qu'en Picardie, ont souscrit un Concordat destiné à assurer un roulement entre leurs villes, pour la présentation des Bouquets.

C'étaient alors des manifestations éblouissantes dont rien de ce qui se passe de nos jours, ne peut donner une idée.

Avec les moyens limités de communications, les participants devaient séjourner dans la localité, pendant toute la durée des concours. Et, comme les Compagnies se composaient de 50, 80, 100 et même 150 archers, l'affluence était énorme. Le commerce local vivait alors une période d'enrichissement considérable.

Bien entendu, une fois les auberges remplies, la majorité des visiteurs devait être logée chez l'habitant. C'est pourquoi les villages durent bien vite renoncer à organiser de tels tournois, leurs ressources étant trop modestes. Ils se replièrent sur eux mêmes et organisèrent entre eux des Bouquets Provinciaux moins imposants. Lorsque la Ronde se limitait à un seul canton, au lieu d'un Bouquet, elle se contentait d'une Fleur. La FLEUR CANTONALE a disparu aujourd'hui sauf dans la région de Chateau-Thierry, Soissons.

Il serait vain de vouloir, dans le cadre de ces quelques pages, décrire le faste qui précédait aux tournois de cette époque. Disons simplement comment ils se déroulaient:

- Le premier jour avait lieu la réception des Compagnie, à la porte principale de la ville.

- De là, tambours battant et enseignes déployées, on se rendait à la cérémonie religieuse.

- C'est l'âpres midi que la Parade ou Montre se déroulait dans toutes les rues principales. Les Prix étaient portés, à épaules d'hommes, sur des brancards.

- On se rendait alors au Jeu d'Arc pour assister à l'ouverture solennelle des tirs, où le personnage le plus important du cortège lançait l'unique flèche de la journée.

- Et cette journée se terminait par un très grand festin, qui se prolongeait tard dans la nuit.

- Le lendemain et les jours suivants étaient consacrés aux tirs.

- Enfin, ces festivités se terminaient par la distribution des Prix.

A remarquer que si les meilleurs tireurs, les champions, recevaient tout naturellement une récompense, il y avait aussi des Prix réservés aux Compagnies les plus nombreuses, à celles qui avaient fait le plus long déplacement ou aux costumes les plus somptueux qu'elles portaient.

Le grand vainqueur rapportait à sa Compagnie l'honneur de rendre le Bouquet suivant. Tout comme cela se passe encore actuellement, dans le domaine du tennis par exemple.
Ce système avait un inconvénient. Le Bouquet risquait d'être rendu plusieurs années de suite par la même Ville, pour peu que ses archers soient d'une valeur nettement supérieure. On y remédia par des Concordats qui établissaient un roulement entre les Villes.